Rencontre intergénérationnelle autour de l’amitié, de l’amour et de la sexualité
photo issue des ateliers à Grande Synthe © Maxime Patinier
« Du collège, je garde le souvenir amer de n’avoir rien compris à ce qu’il m’arrivait. De prendre de pleine face et sans casque les codes d’une société nouvelle. D’avoir vécu mille violences et perditions dans l’enceinte de mon corps et de la cour. Mes mots étaient vides de sens, je ne sais plus ce que je pensais à l’époque ni qui j’étais et si je regarde vingt ans en arrière, c’est de loin la période où j’aurais voulu qu’on mette sur ma vie des mots, des images à la hauteur de mes émotions. »
Rebecca Chaillon, Plutôt vomir que faillir.
Recherche-création
menée d’octobre 2023 à novembre 2024
Lettre(s) à soi, recherche-création co-créée par Bernadette Gruson et Florian Vörös, se déploie depuis octobre 2023 autour de temps de réflexions et de tables rondes, d’ateliers d’écriture avec adultes et adolescent·e·s, de récits d’artistes et de performances que les questions d’adolescence et d’émancipation traversent.
Ce projet cherche à faire émerger un espace sensible, critique et bienveillant à même d’interroger les normes et les rapports de domination à l'œuvre dans l’apprentissage de la sexualité.
Pour que les situations de violences, de domination, de discrimination ne soient plus marginalisées, invisibilisées, tues, il faut dire, mais comment dire, sensibiliser, partager ? Comment aborder l'amitié, l'amour, la sexualité ? Comment permettre au langage de dire sans heurter sans reproduire la domination ni les violences ? Comment accueillir la parole des personnes, adultes ou enfants, touchées par les violences ? Comment envisager l'amitié, l'amour, et la sexualité avec joie ?
Ce sont les questions qui animent ce projet.
Les étapes du projet
Projet mené sur le territoire de la Communauté d’Agglomération Lens-Liévin en partenariat avec Droit de Cité, le Centre culturel La Gare de Méricourt et le Toit Commun à Lens.
#2
Ateliers d'écriture
oct-déc 2023
#4
Résidence d'artiste en collège
Grande-Synthe
nov 2023
#5
Création d'une lecture-performance
Lille / Angres / Lens
sept-nov 2024
Université de Lille
oct 2023
#6
Table-ronde / Retours d'expérience
Lille
14 nov 2024
#3
Temps fort
Méricourt / Lens
nov 2023
#1 Tables-rondes
Université de Lille
oct 2023
Lancement de la recherche-création
Espace Culture, Université de Lille.
Tables rondes
Que peuvent les arts pour l’éducation à la sexualité ? Qu’est-ce qu’une éducation à la vie affective et sexuelle émancipatrice ? Comment aborder les dominations et les violences ?
Avec la participation de :
Aurore Krol (Planning Familial & Prev'Actes, Paris & Rennes), Aurore Le Mat (sociologue & artiste video, Montpellier), Nicola Ríos (Université de Barcelone & Chili), April Dupont (Labo des histoires & Alithila, Université de Lille), Sébastien Charbonnier (Cirel, Université de Lille), Emilie Da Lage (Geriico, Université de Lille), Bérénice Hamidi (PassagesXX-XXI, Université Lyon 2), Lex Frattini (formateur professionnel, danseur, Toulouse), Béatrice Damian-Gaillard (Arènes, Université de Rennes)
Performances artistiques
Amandine Dhée, Lucien Fradin, Nadia Ghadanfar, Aurore Magnier. Captation sonore réalisée par Radio Campus Lille.
#2 Ateliers d'écriture
oct-déc 2023
Ateliers d'écriture Lille
Ateliers d'écriture menés par Bernadette Gruson
Stage écriture et corps co-animé avec Cyril Viallon
Pour ce retour au soi adolescent d’hier, nous nous sommes inspirés de « Mémoire de fille » de Annie Ernaux et du texte « Conjurer l’oubli. Pour une réminiscence politique de nos enfances » publié à titre posthume par le philosophe de l’éducation Tal Piterbraut-Merx dans PD La Revue. Reconstituer la situation d’ignorance et de vulnérabilité dans laquelle le soi adolescent se trouvait, peut « mettre au jour non seulement les cadres de [notre] propre mémoire d’alors mais également celle de la plupart des filles de [notre] époque et peut-être encore un peu celles d’aujourd’hui ». Le texte autobiographique d’Annie Ernaux permet selon Tal Piterbraut-Merx de « repenser radicalement les structures institutionnelles et sociales qui organisent l’enfance ».
#3 Temps fort
Méricourt / Lens
nov 2023
Arts, éducation à la sexualité et intersectionnalité Toit commun à Lens
Table ronde avec Axelle Jah Njiké, autrice afropéenne, podcasteuse, chroniqueuse et militante féministe païenne, et Marc Jahjah, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Nantes. Modération : Florian Vörös, enseignant-chercheur, master culture et communication et GERiiCO - Université de Lille
Ateliers de sensibilisation par Aurore Krol Prev’actes et Ambre Lesage du Planning familial 62
Lecture de textes Lettre(s) à soi de et par des participant·e·s aux ateliers d’écriture
Concert Ismael Métis de la compagnie Trous d’Mémoires
#4 Résidence d'artiste en collège
Grande-Synthe
nov 2023
Avec le Collège Jules Verne à Grande-Synthe
Ateliers d'écriture menés par Bernadette Gruson
Stage écriture et corps co-animé avec Cyril Viallon
Dans le cadre du dispositif RésAC - Département du Nord. (avec les quatre classes de quatrième) Avec Thomas Baelde et Bernadette Gruson.
Discussions et travail théâtral avec les élèves à partir des textes écrits par les adultes sur un souvenir de leur adolescence.
Ateliers d’écriture sur ce que les adolescent·e·s aimeraient dire aux adultes d’aujourd’hui ? Ce que l’adulte, qu’elles et ils seront, dirait dans 15 ou 20 ans à l’adolescent·e d’aujourd’hui ?
Restitution publique au Palais du Littoral, Grande Synthe, le 27 mai 2024.
#5 Création d'une lecture-performance
Lille / Angres / Lens
sept-nov 2024
Création de la lecture-performance Lettre(s) à soi
Avec Thomas Baelde et Stéphanie Chamot
Résidences
du 02 au 05 septembre Maison Folie Wazemmes Lille
du 07 au 11 octobre Espace culturel jean ferrat et Collège Jean Vilar Angres
12 et 13 novembre Antre 2 Lille
Représentations
14 novembre 10H30 et 19H00 Antre 2 Lille
15 novembre 14H30 et 19H00 Le Toit commun Lens
#6 Table-ronde
Retours d'expérience
Lille - 14 nov 2024
Clôture du projet.
« Forces et limites politiques du récit de soi »
le 14 novembre (de 15h à 18h) à l'Antre 2 - Lille
entrée gratuite sur réservation
Cette table ronde propose de réfléchir aux enjeux de la médiation artistique en établissements scolaires autour des questions d’intime et de récits de soi.
Le récit de soi par la littérature et les réseaux sociaux est un des moyens privilégié dans le moment MeToo pour contester les normes et les violences de genre et de sexualité et imaginer d’autres possibles. A quelles conditions peut-il devenir un outil émancipateur en contexte scolaire ?
À partir des retours d’expériences issus du projet RésAC avec le Collège Jules Verne de Grande Synthe et du projet Citoyenneté avec le Collège Martin Luther King et le Channel scène nationale de Calais, des artistes, une professeure-documentaliste, un·e animateur·rice prévention et des chercheur·euse·s en sciences sociales, mèneront une réflexion sur les enjeux et les problématiques de la médiation artistique en milieu scolaire. Une attention particulière sera accordée aux rapports de classe et d’âge dans les tentatives de créer des dispositifs égalitaires de parole et d’écoute à même d’ouvrir des espaces émancipateurs propices au récit de soi.
Avec Madeleine Chaumette, professeure documentaliste du Collège Jules Verne, Mathilde Thomas, programmatrice enfance et jeunesse, et responsable des projets de territoire au Channel, scène nationale de Calais ; Christelle Clipet, professeure de lettres et référente égalité filles garçons au Collège Martin Luther King de Calais ; Magali Regnacq, professeure de lettres au Collège Martin Luther King de Calais ; Thomas Baelde, Bernadette Gruson de la Compagnie Zaoum, Aurore Kròl, et Kevin Diter.
Modération : Florian Vörös, enseignant-chercheur, master culture et communication et GERiiCO - Université de Lille
Rencontre intergénérationnelle autour de l’amitié, de l’amour et de la sexualité
visuel © Elsa Hieramente ed. Les Venterniers
C’est le titre du projet co-créé et mené à quatre mains, par Bernadette Gruson et Florian Vörös, maître de conférence chercheur enseignant en sciences de l’information et de la communication de l’Université de Lille. La journée d’études Que peuvent les arts pour l’éducation à la sexualité ?* à l’Espace Culture Campus Cité Scientifique de Lille, a lancé le projet de manière saisissante.
La journée recherche-création du 6 octobre 2023 a donné lieu à une captation sonore réalisée par Radio Campus Lille.
Des ateliers d’écriture sont menés par Bernadette Gruson d’octobre à décembre en partenariat avec la Direction Culture de l’Université de Lille. Ainsi qu’un stage écriture et corps coanimé avec Cyril Viallon. Une étape de travail est mise en place du 20 au 26 novembre 2023 sur le territoire de la Communauté d’Agglomération Lens-Liévin en partenariat avec Droit de Cité, le Centre culturel La Gare de Méricourt et le Toit Commun à Lens. Une journée recherche-création a lieu le lundi 27 novembre 2023 au Toit commun à Lens avec ateliers de sensibilisation, table ronde, lecture de textes Lettre(s) à soi, concert de Ismael Métis.
Le second volet du projet se déroulera de janvier à juin 2024 avec le Collège Jules Verne de Grande Synthe dans le cadre du dispositif RésAC. D’autres étapes de travail sont prévues sur le Département du Pas-de-Calais en 2024.
Calendrier et actions en cours.
Les interventions des artistes, enseignant·e·s-chercheur·euse·s et médiateur·rice·s culturel·le·s* nous ont réellement saisi·e·s, elles nous donnent envie de saisir, de continuer à saisir les questions de violences et de dominations et en particulier de dominations adultes sur les enfants. Questionner les angles morts, le langage, les représentations, les postures, les schémas, les habitudes, pour « incarner ce qu’on veut voir advenir ». Je cite cette phrase de Lex Frattini, formateur en prévention contre les VSS. Il y en a eu beaucoup d’autres saisissantes. « Le langage sert à ne pas dire », ce n'est pas l'inceste qui est tabou c'est dire l'inceste qui l'est. Bérénice Hamidi, Professeure en études théâtrales à l’Université de Lyon 2, directrice du Laboratoire Passages XX-XXI, le rappelle en mentionnant Dorothée Dussy, l'anthropologue, autrice de l'ouvrage Le berceau des dominations. Et ça nous frappe. Ça frappe parce que la confiscation de la parole entretient le silence, la sidération, et aussi l’ignorance. Autrement dit, pour que ces savoirs, expériences, situations ne soient plus marginalisées, invisibilisées, tues, il faut dire, mais comment dire, sensibiliser, partager quand on sait qu'un enfant sur cinq est victime de violences sexuelles en Europe. Comment aborder l'amitié, l'amour, la sexualité dans ce contexte ? Comment permettre au langage de dire ? Comment accueillir la parole des personnes, adultes ou enfants, touchées par les violences ? Comment envisager l'amitié, l'amour, et la sexualité avec joie ? C’est la question qui va animer la suite du projet.
Ce projet cherche à faire émerger un espace sensible, critique et bienveillant à même d’interroger les normes et les rapports de domination à l'œuvre dans l’apprentissage de la sexualité.
Avec la force insufflée par ces échanges, nous poursuivons le projet avec des ateliers d’écriture. En trois séances, il s’agit de revenir sur l'adolescent·e que vous avez été à partir d’archives personnelles (souvenirs, photos, journal intime, objets culturels ou de la culture pop de l’époque). Ouvrir un dialogue entre soi, adulte aujourd’hui, et cet·te autre qui a été soi, ado d’hier. Ces récits (qui ne se limiteront pas à la question des violences) seront ensuite destinés à être lus, discutés puis interprétés par des adolescent·e·s d’aujourd’hui, élèves d’un collège de la région.
Pour ce retour au soi adolescent d’hier, nous nous sommes inspirés de « Mémoire de fille » de Annie Ernaux et du texte « Conjurer l’oubli. Pour une réminiscence politique de nos enfances » publié à titre posthume par le philosophe de l’éducation Tal Piterbraut-Merx dans PD La Revue. Reconstituer la situation d’ignorance et de vulnérabilité dans laquelle le soi adolescent se trouvait, peut « mettre au jour non seulement les cadres de [notre] propre mémoire d’alors mais également celle de la plupart des filles de [notre] époque et peut-être encore un peu celles d’aujourd’hui ». Le texte autobiographique d’Annie Ernaux permet selon Tal Piterbraut-Merx de « repenser radicalement les structures institutionnelles et sociales qui organisent l’enfance ». Lettre(s) à soi, c’est une tentative t’atteindre un certain point du passé qui est l’avenir du récit de soi, et le présent d’un autre soi, élève de quatrième. A la croisée, intergénérationnelle, nous cherchons à faire émerger un espace sensible, critique et bienveillant à même d’interroger les normes et les rapports de domination à l'œuvre dans l’apprentissage de la sexualité.